Analyser les mécanismes visuels qui stimulent l’appétit et influencent la perception produit dans le secteur alimentaire. Un contenu pour les designers, marketeurs ou marques qui veulent passer d’un visuel joli à un visuel qui vend.

24 Nov 2025
Notre cerveau commence à manger avant même que nous ouvrions la bouche. Les couleurs, les textures et la mise en scène visuelle influencent fortement la perception gustative et le déclenchement de l’envie.
Le visuel active les zones cérébrales du plaisir avant même la mastication. Source : Alimentarium – Alimentation et design
Cette réalité est exploitée par les marques alimentaires depuis des décennies, que ce soit en packaging, en publicité ou en photographie culinaire.
Rouge, orange, jaune… Ces couleurs sont associées à la chaleur, à l’énergie et à la faim.
Elles stimulent l’appétit et attirent immédiatement l’œil.

Utilisation : McDonald’s, Lay’s, Burger King. Source : Futura Sciences – L’effet des couleurs
On pense souvent que la typographie ne sert qu'à lire le nom du produit. C'est faux. Le cerveau analyse la forme des lettres pour anticiper une texture et une saveur en bouche. C'est ce qu'on appelle l'effet "Bouba/Kiki" en psychologie cognitive.
Une typographie ronde, épaisse et curviligne (type "Bouba") envoie un signal de douceur, de gras et de sucre. Elle active la zone de récompense et de confort. À l'inverse, une typographie anguleuse, fine ou pointue (type "Kiki") évoque l'acidité, le piquant, le croquant ou la légèreté.
L'erreur classique ? Vendre une sauce ultra-piquante avec une police "bulle", ou un dessert onctueux avec des lettres à empattements tranchants. Cette dissonance cognitive crée de la méfiance chez le consommateur : l'œil dit une chose, le cerveau en attend une autre.

Les aliments brillants ou “mouillés” semblent plus frais, plus riches, plus savoureux.
Exemple : le gras qui reluit sur une pizza, un fruit couvert de gouttelettes. Source : Pourquoi Docteur – Images de nourriture et appétit
Plongée serrée, couleurs saturées, flou arrière : ce format crée une proximité et déclenche une réponse émotionnelle immédiate.
Popularisé sur Instagram et TikTok, ce style génère un engagement élevé, même sans faim réelle. Source : Wikipedia – Pornographie alimentaire
Des miettes, une coulure, un aspect imparfait mais vivant = réalisme sensoriel + effet “fait maison”.
Exemples : fromage qui coule, chocolat qui fond, doigts dans le cadre
Données : +27 % d’intention d’achat sur visuels “faits maison” (cf. tests A/B e-commerce)
Certains éléments visuels (bol vapeur, bois rustique, baguette) activent une mémoire collective → le cerveau anticipe la saveur.
Exemple : packaging de raviolis vapeur = chaleur, douceur, authenticité. Source : Signata – Le figuratif de l’alimentation
Un bon visuel :
- stimule la faim
- renforce la crédibilité produit
- crée un lien émotionnel
Mais il ne compense pas :
- un goût moyen
- un prix mal positionné
- une expérience client faible
Le design n’est pas décoratif. Il est sensoriel et stratégique.
Avant même de regarder le tarif, le client a déjà décidé combien il est prêt à payer pour un produit, uniquement en scannant son emballage. Le design ne sert pas juste à "faire joli", il sert à ancrer une valeur perçue.
L'échelle de valeur est codifiée :
Un produit artisanal d'exception emballé dans un sachet plastique "discount" ne se vendra jamais à sa juste valeur. Le design est le levier qui permet de justifier la marge.

✔️ Est-ce que l’image évoque une texture identifiable ?
✔️ Le visuel donne-t-il envie sans faim réelle ?
✔️ Le cadrage rend-il l’aliment “proche” ?
✔️ Les couleurs sont-elles en lien avec l’effet recherché ?
✔️ Le style est-il adapté à la culture du public cible ?
Avant de shooter ou de briefer un designer :
Vérifie ce que les gens recherchent vraiment dans ton segment food.